Rousseau
Plan :
Quels sont les caractères de l’homme à l’état de nature ?
Cet état de nature n’a pas existé puisqu’il n’a pas pu être observé en tant que tel.
Ce que nous observons c’est l’homme en société dont l’âme a été dégradée.
Il faut donc formuler une hypothèse tiré de la seule nature de l’homme et des être qui l’environnent, ce qui aurait pu devenir le genre humain s’il fut resté abandonner à lui-même.
Il faut donc examiner l’homme où le débarrassent de tous ces oripeaux culturels et le comparer à l’animal. Ne pouvant observer l’homme naturel, il fait donc déduire à partir de ce que l’on observe de l’homme civil ce qu’est l’homme naturel, c'est-à-dire faire le part entre ce qui relève de l’ordre culturel et ce qui relève de l’ordre naturel.
- La nature/la culture
Cette hypothèse d’état de nature oriente cette recherche en permettant de faire ce tri.
Rousseau va critiquer Hobbes et Locke.
Peut-on penser la souveraineté sans la sujétion ?
Par quelque côté qu'on remonte au principe, on arrive toujours à la même conclusion ; savoir, que le pacte social établit entre les citoyens une telle égalité qu'ils s'engagent tous sous les mêmes conditions et doivent jouir tous des mêmes droits. Ainsi, par la nature du pacte, tout acte de souveraineté, c'est-à-dire tout acte authentique de la volonté générale1, oblige ou favorise également tous les citoyens, en sorte que le Souverain connaît seulement le corps de la nation, et ne distingue aucun de ceux qui la composent. Qu'est-ce donc proprement qu'un acte de souveraineté ? Ce n'est pas une convention du supérieur avec l'inférieur, mais une convention du corps avec chacun de ses membres. Convention légitime, parce quelle a pour base le contrai social, équitable, parce qu'elle est commune à tous, utile, parce qu'elle ne peut avoir d'autre objet que le bien général, et solide, parce qu'elle a pour garant la force publique et le pouvoir suprême. Tant que les sujets ne sont soumis qu'à de telles conventions, ils n'obéissent à personne, mats seulement à leur propre volonté: et demander jusqu'où s'étendent les droits respectifs du Souverain et des Citoyens, c'est demander jusqu'à quel point ceux-ci peuvent s'engager avec eux-mêmes, chacun envers tous et tous envers chacun d'eux. On voit par là que le pouvoir Souverain, tout absolu, tout sacré, tout inviolable qu'il est, ne passe ni ne peut passer les bornes des conventions générales, et que tout homme peut disposer pleinement de ce qui lui a été laissé de ses biens et de sa liberté par ces conventions ; de sorte que le Souverain n'est jamais en droit de charger un sujet plus qu'un autre, parce qu'alors, l'affaire devenant particulière, son pouvoir n'est plus compétent.
Jean-Jacques Rousseau, Du contrai social (1762), I. 11. Chapitre 4.
Autrui et moi sommes unis dans la pitié
Il va d'ailleurs un autre principe que Hobbes n'a point aperçu et qui. Ayant été donné a l'homme pour adoucir, en certaines circonstances, la férocité de son amour-propre, ou le désir de se conserver avant la naissance de cet amour, tempère l'ardeur qu'il a pour son bien-être par une répugnance innée â voir souffrir son semblable. […] Je parle de la pitié, disposition convenable a des êtres aussi faibles, et sujets à autant de maux que nous le sommes; vertu d'autant plus universelle ci d'autant plus utile à l'homme qu'elle précède en lui l'usage de toute réflexion, et si naturelle que les bêtes mêmes en donnent quelquefois des signes sensibles. Sans parler de la tendresse des mères pour leurs petits, et des périls qu'elles bravent pour les en garantir, on observe tous les jours la répugnance qu'ont les chevaux à fouler aux pieds un corps vivant ; un animal ne passe point sans inquiétude auprès d'un animal mort de son espèce. [...] En effet, qu'est-ce que la générosité, la clémence, l'humanité, sinon la pitié appliquée aux faibles, aux coupables, ou à l'espèce humaine en général? […] Il est donc certain que la pitié est un sentiment naturel, qui modérant dans chaque individu l'activité de l'amour de soi-même, concourt à la conservation mutuelle de toute l'espèce. [...] C'est elle qui. au lieu de cette maxime sublime de justice raisonnée : Fais a autrui comme tu veux qu'on te fasse, inspire à tous les hommes cette autre maxime de bonté naturelle bien moins parfaite, mais plus utile peut-être que la précédente: Fais ton bien avec le moindre mal d'autrui qu'il est possible. C'est, en un mot, dans ce sentiment naturel, plutôt que dans des arguments subtils, qu'il faut chercher la cause de la répugnance que tout homme éprouverait â mal faire, même indépendamment des maximes de l'éducation.
Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755). 1ère partie
Sujet de partage entre l’homme et l’animal
Pour cela Rousseau se propose d’analyser le psychisme de l’homme naturel.
L’animal est tout entier commandé par l’instinct, lorsque la nature commande, l’animal obéit.
Il ne peut jamais s’écarter de la règle qu’il lui est prescrit.
L’homme est un agent libre qui peut agir par un choix conscient et sans contrainte.
L’homme a le choix d’obéir à la règle de la nature ou de s’en écarter même par son préjudice. « C’est dans la conscience de cette liberté que se montre la spiritualité de son âme».
L’homme est donc une réalité spirituelle.
Il s’agit de la liberté métaphysique.
Approfondissant ses recherches sur les différences entre l’homme et l’animal, Rousseau découvre une autre faculté : la perfectibilité.
Alors que l’animal connaît une existence fixe où aucun changement ne se produit, l’homme peut acquérir de nouvelles qualités.
C’est cette faculté qui est à l’origine de la transformation de l’homme.
L’histoire de l’homme a été possible parce que l’homme à la différence des animaux est doté d’une volonté libre et parce que ses facultés sont perfectibles. En définitive la nature de l’homme naturelle se réduit à ses potentialités (= à ses virtualités).
L’homme n’a pas de détermination, il est l’animal libre et perfectible.
La liberté et la perfectibilité sont des âmes à double tranchant.
Si elles ont permis à l’homme de développer ses facultés (langage et raison), elles appellent aussi l’histoire et le mal, car la liberté de l’homme peur l’orienter vers la pire.
L’homme en devenant sociable, devient mauvais. La première étape de cette évolution est qu’il met fin à l’état de nature et l’acquisition du sens de la propriété.
Cette idée de propriété dépend de beaucoup d’idées antérieures qui sont nées successivement.
Elles ne se forment donc pas tout d’un coup dans l’esprit humain.
Il a fallu pour cela acquérir des savoirs faire des capacités intellectuelles, des connaissances, les transmettre et les augmenter d’âge en âge avant d’arriver à ce dernier terme de l’état de nature. En se rapprochant de ses semblables, l’homme découvre qu’il a besoin des autres pour son développement et doit disposer d’objets utilisable pour le besoins de plusieurs, par exemple une terre à cultiver.
Ainsi société organisée et mal social sont nés de la propriété, désormais la vie en société développe les inégalités naturelles, elle les rend plus vive et plus durable et les protègent par la loi.
C'est-à-dire par le droit positif.
La course au « crédit », origine et but des inégalités sociales.
Je ferais voir qu'entre ces quatre sortes d'inégalité, les qualités personnelles étant l'origine de toutes les aunes la richesse est la dernière à laquelle elles se réduisent à la fin, parce qu'étant la plus immédiatement utile au bien-être et la plus facile à communiquer, on s'en sert aisément pour acheter le reste. Observation qui peut faire juger assez exactement de la mesure dont chaque peuple s'est éloigné de son institution primitive, et du chemin qu’il a fait vers le terme extrême de la corruption. Je remarquerais combien ce désir universel de réputation, d'honneurs et de préférences, qui nous dévore tous, exerce et compare les talents et les forces, combien il excite et multiplie les passions, et combien, rendant tous les hommes concurrents, rivaux ou plutôt ennemis, il cause tous les jours de revers, de succès et de catastrophes de toute espèce en faisant courir la même lice à tant de prétendants. Je montrerais que c'est à cette ardeur de faire parler de soi, à cette fureur de se distinguer qui nous tient presque toujours hors de nous-mêmes, que nous devons ce qu'il y a de meilleur et de pire parmi les hommes, nos venus et nos vices, nos sciences et nos erreurs, nos conquérants et nos philosophes, c'est-à-dire une multitude de mauvaises choses sur un petit nombre de bonnes. Je prouverais enfin que si l'on voit une poignée de puissants et de riches au faîte des grandeurs et de la fortune, tandis que la foule rampe dans l'obscurité et dans la misère, c'est que les premiers n'estiment les choses dont ils jouissent qu'autant que les autres en sont privés, et que sans changer d'état, ils cesseraient d'être heureux, si le peuple cessait d'être misérable.
Jean-Jacques Rousseau. Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité
En effet plus les intérêts se croisent, plus ils s’opposent et les autres s’appauvrissant, car ils sont soumis à des intérêts économiques qui produisent l’inégalité de richesse mais aussi les inégalités de considération.
Cette rivalité fait naître un sentiment inconnu de l’homme naturel, l’amour propre qui consiste « à faire cas de soi plus que de tout autre ».
Cette passion sociale porte l’homme à se comparer aux autres et lui ôte son authenticité.
Comment mettre fin à cette histoire malheureuse ?
Rousseau tout comme Hobbes entend résoudre la question politique par un système rationnel.
Il faut trouver une société où l’homme puisse se reconnaître où l’homme retrouve son authenticité.
Le contrat social s’agit de préserver la liberté et l’égalité naturelle.
Un problème se pose. C’est celui s’associer liberté et obéissance aux lois qui ne sera pas esclavage comme chez Hobbes.
Mais au contraire il rendra l’homme plus libre finalement qu’à l’état de nature.
Le contrat se réduit à une close. Chaque associé donne tous ces droits à la communauté et en retour, il gagne des droits politique et juridique.
Il s’agit donc d’une égalité qui sera donné pour le droit positif.
Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale.
L’essence au pacte sociale est que la volonté générale conduite les volontés de tous et volonté générale.
Cette dernière ne regarde qu’à l’intérêt commun, l’autre regarde l’intérêt privé et ce n’est qu’une somme de volonté particulière. On comprend que l’intérêt que la volonté générale détermine est un intérêt commun et universel, car il se situe au dessus des intérêts particuliers.
Cette convention est légitime. Parce qu’elle a pour base le contrat social qui est équitable.
Parce qu’elle est commune à tous, utile parce qu’elle n’a pas d’autres objets que le bien général.
L’obéissance à la volonté générale revient à obéir à sa propre volonté : « l’obéissance à la loi qu’on est prescrite est liberté ».
Effet bénéfique du pacte social : il a l‘Etat civil, une nouvelle essence de l’homme qui conquiert enfin son humanité.
Dans sa conduite, la justice remplace l’instinct et donne à ses actions la moralité qui lui manquait auparavant.
Il a la connaissance du bien et du mal et de leurs conséquences dans son comportement. Il se voit désormais obligé d’agir que d’autres principes de consulter sa raison.
La liberté rationnelle sans nulle liens social, sans nul aucun autre désir est remplacée par la liberté politique limitée par la volonté générale. Pour Rousseau liberté politique et liberté morale sont indissociable.
Comment déterminer le bien commun ?
Le peuple soumis aux lois en doit être l’auteur, ici la souveraineté appartient au peuple.
Comment le peuple qui s’associe règlerait-t-il les conditions de la société :
Première difficulté pour Rousseau :
le peuple que Rousseau appelle multitude aveugle ne sait pas ce qu’il veut parce qu’il ne sait que rarement ce qu’il lui est bon.
C’est pourquoi il ne lui revient pas d’être le législateur raisonnable parce qu’ils ne le sont pas.
IL faudra un législateur. Il doit entreprendre d’instaurer un peuple et se sentir en état de changer la nature humaine.
L’individu qui est un tout parfait et solitaire sera transformé en partie d’un plus grand tout dont il reçoit sa vie et son être.
Il devient membre d’une collectivité, où tout les membres sont soudés comme s’il faisait plus qu’un « en sorte que chaque citoyen n’est rien, ne peut rien que par tous les autres ». Il propose un régime collectiviste.
S’ajoute à ça, une solidarité durable et solide sera installée par la loi. La fonction du législateur ne doit pas participer au système politique.
Le peuple a une langue trop pauvre pour traduire des idées complexes.
Pour que ces lois soient perçues comme bonnes, il faut que l’esprit social qui doit être l’ouvrage de l’institution précède l’institution même.
Or ce sont ces lois qui feront de l’homme ce qu’il doit être, un être éduqué ; libre et raisonnable.
Ce n’est pas par la force ou le raisonnement que le législateur peut persuader sans convaincre.
Il faudra persuader le peuple, c'est-à-dire amener les individus à tenir une bonne loi sans se soucier de savoir s’ils comprennent ce qu’ils croient.
Le législateur doit recourir à une autre autorité qui le dispensera à recourir à la violence ou à la législation.
Cette autorité est l’Etre suprême : Dieu.
La religion civile : il s’agit d’un instrument qui peut servir pour persuader les hommes d’accepter les bonnes lois.
Il s’agira d’un petit nombre de dogmes universellement compréhensibles que le souverain politique institue au titre d’article de foi nécessaire à la sociabilité.